La Reine de la patate

Quand Françoise Chadaillac débarque à Montréal à l’été 1979, dans le cadre d’un échange universtaire entre la France et le Québec, elle ne connait rien de ce pays.

Cependant, profitant de la fin de l’été, lors de ses visites aux environs de Montréal, elle est intriguée, émue même, par la présence de petits édifices au bord des routes : petites cabanes de bois, bus recyclés, souvent en fin de vie et re-conditionnés par une autre vie de labeur dont elle apprendra plus tard qu’ on les appelait  » des stands à  patates ». Il ne lui en fallait pas plus pour avoir envie de les photographier.

Le projet devait n’être qu’un travail photographique. Mais lorsqu’elle montra ses premières photos, a jailli une cascade éblouissante de souvenirs, de rires d’enfants, d’anecdotes du quotidien, de rêves miraculeusement transportés jusqu’à l’âge adulte. De ces paroes –  toutes de poésie naïve, d’humour latent et de lucidité insoupçonnée – ont surgi non seulement des bribes de vie, mais aussi, en filigrane, les tensions permanentes qui tissent dans une même trame, la richesse et le dérisoire, la « tendre misère » de la condition humaine …

La force poétique et phlosophique de ses mots s’est imposée et l’a obligée à repenser le travail d’une façon qu’elle n’avait pas prévue, ni même imaginée. Ni explication, ni commentaire. Les mots devenaient un doulbe des photos, leur écho, leurs harmoniques, laissant décanter et transparaître l’âme des hommes et des lieux.